Ce mois-ci, le Dr B. nous parle de l'ouvrage du Dr CHEDEAU sur l'hypnopraxie.

Le livre du docteur Guy CHEDEAU "De l'hypnose à l'HYPNOPRAXIE"   est le récit de sa rencontre de ses patients, comme sophrologue. Il explique d'emblée ce choix comme  résultant d'un compagnonnage avec son ami Jean GODIN. Cette initiation est racontée avec pudeur car elle donne à penser qu'elle fut, pour lui, une découverte de tout instant par sa capacité à "se refonder", "se transformer" "se dépasser" "soi-même en soi-même"… il y a eu  là un moment fondateur qui est à la base de la construction d'un homme et le choix d'une pratique.

L'hypnose prend alors un tout autre sens et demande une articulation du savoir, et de préciser son impact. Nous quittons là la transformation de l'hypnose dans sa caricature classique de  mise en scène spectaculaire d'un simple jeu de suggestions, avec un maître qui prendrait un ascendant sur un esclave. L'hypnose est une méthodologie pour une prise de conscience du schéma corporel, elle est aussi un moment de décantation pour éprouver le ressenti.

Dit de cette façon, elle donne le sentiment d'un voyage au sens poétique de rupture avec le réel, la tentation est forte de s'y inscrire comme une méditation laïque, le thérapeute jouant alors le rôle d'accompagnateur à la place d'un gourou. Cela serait un malentendu, même si la tentation est grande, car il est vrai que la question de l'ailleurs est présente. Le patient attend toujours une réponse en exposant sa souffrance…

La qualité de ce livre est de rester dans le rationnel et d'étayer par le fil d'Ariane de la culture et de l'expérience clinique des maîtres, "l'inquiétante étrangeté" de ce qui nous rend si malheureux et la construction d'une position thérapeutique. Son hommage à Milton ERICKSON est particulièrement intéressant car il part de l'homme avec ses handicaps (dyslexie, daltonisme, trouble de la discrimination auditive et à 17 ans, la poliomyélite) pour ensuite devenir ce remarquable thérapeute. Il montre ainsi la part active du patient dans ses soins et la nécessité pour le thérapeute de s'adapter à son patient pour permettre la rencontre thérapeutique car la cure n'est pas un savoir mais une modification de son "être au monde".

La notion de changement implique une praxie : "une manière propre à chaque personne à vivre les choses, à de se saisir des choses, de soi-même, des êtres, des situations et du monde".

Pourquoi l'associer à l'hypnose ?

L'hypnose permet de faire apparaître à la conscience, mais ce n'est pas suffisant car l'information apportée doit être analysée pour ne pas être qu'une simple collecte de sensation. Sinon il y a un risque de défenses descriptives et non de transformation de l'être. La praxie est un fil d'Ariane entre le patient et son thérapeute, elle permet de libérer l'éprouver en constituant ce lien à travers une conscience. Mais dans les faits qu'en est-il de notre conscience ? Elle appelle toujours quelque chose, une réalité objective ou subjective ? Tout au moins une intention… d'où l'importance de la phénoménologie, cette mise entre parenthèse du monde… elle est une incursion dans le monde de la philosophie de HUSSERL et HEIDEGGER dans la découverte de l'être et le temps. Le sujet est subtil, il demande de s'y arrêter. Il questionne la subjectivité du sujet et s'appuie sur l'expérience de chacun qui lui permettent de construire ses concepts. Il est parfois difficile de trouver les mots justes pour  en rendre compte. Il pose la question du lien du langage qui doit s'établir pour la rencontre  thérapeutique

Pourquoi tout ce préambule ?

Il est nécessaire pour accéder à l'autre dans son altérité, sa temporalité et surtout sa souffrance de connaître son affectivité, sa sensibilité et d'utiliser son intuition.

Cette "TRANSE-FORMATION" permet la modification de la conscience que nous propose l'HYPNOPRAXIE, comme approche thérapeutique.

Dr B.

Pour commander ce livre: https://amzn.to/2ZR1qTL