Jeunesse et hypnose médicale.
Les ferments d'Hypnocrate
Stéphane RADOYKOV
Revue Hypnose & Thérapies Brèves n°34
Être médecin, ça veut dire quoi ? Tu verras quand tu seras grand. D’accord, mais c’est quoi alors être un bon médecin ? Tu verras cela en temps voulu. Et un mauvais médecin, qu’est-ce que c’est ? En serai-je un ? Et puis qu’est-ce que je fais là autour de toute cette souffrance ? On nous parle de prise de décision, de responsabilités, d’ouverture d’esprit, d’autonomie, et pourtant, en sortie d’études de médecine nous sommes majoritairement spécialistes d’une chose : le bachotage de mots-clés pour préparer l’angoissant examen national classant: 6 ans d’études pour 3 jours d’examens.
Un équilibre entre le travail dans les livres et les compétences relationnelles et pratiques n’est pas encore atteint. Ah, et au fait c’est quoi la mort ? Et le sens de la vie ? Tu verras tout cela le moment voulu. Et si on faisait les choses un peu différemment pour une fois ? Tu vas en avoir des problèmes si tu continues avec tes questions, toi.
Nous vivons constamment dans l’expectative d’un avenir meilleur. L’expectative de réussir le concours d’entrée dans le cursus médical, l’expectative de notre premier badge d’externe synonyme de rencontre avec les malades, l’expectative du concours de l’internat, puis de la recherche active d’un poste de chef, et cela n’en finit jamais. Nous en oublions finalement le but initial et le moment présent. Notre doyen le Pr. Berche nous disait un jour qu’il faut, pour faire partie des « bons » médecins, en amont des compétences techniques, des qualités humaines. Mais comment s’acquiert l’intelligence émotionnelle ?
Environ 24 000 étudiants externes arpentent les couloirs des hôpitaux français : je suis ravi d’en faire partie. Nous observons et travaillons dur tous les jours en vue d’acquérir les compétences nécessaires à la médecine du 21ème siècle. Evidence-based bien sûr. Les progrès techniques gigantesques du siècle dernier, la thérapie ciblée, les greffes, les opérations robotisées, la radiologie interventionnelle (et j’en passe), nous ont fait, en partie, oublier ce à quoi nos Anciens excellaient pour soigner les gens : la relation interhumaine. Il est quasiment devenu impossible de croiser aujourd’hui quiconque n’ayant jamais vécu une expérience anxiogène en milieu de soin, pour diverses raisons : par manque de tact, de contact, de chaleur humaine, ou tout simplement d’informations « claires, loyales et appropriées ». Alors, pour ces quelques 24 000 étudiants et le bien de leurs futurs patients, que penseriez- vous de nous donner un but commun, celui d’accompagner les patients au sein d’une véritable alliance thérapeutique, aussi rassurante que puissante ?
Que penseriez-vous, ainsi, de nous enseigner la clé pour apprendre à communiquer dans le soin ? Cette clé, certes, parmi d’autres, c’est la communication hypnotique.
En 2014 est née Hypnocrate, une nouvelle association pour le développement de l’hypnose médicale auprès des étudiants en santé. Notre objectif est de promouvoir l’hypnose afin qu’un jour elle fasse partie intégrante de nos études. L’ambition principale de l’association est de permettre un jour à une génération entière de professionnels de santé de prendre une décision éclairée sur la volonté ou non d’y être formée. Aussi, ferions-nous peut-être oublier les hantises populaires du contrôle de l’autre avec un pendule, qu’on laisserait volontiers à l’univers du cinéma, aussi fantasmagorique que fictif. Et si nous allions encore plus loin, peut-être un jour arriverions-nous à mettre de côté l’hypnose de spectacle au profit de l’hypnose thérapeutique, mise avec une ampleur toute nouvelle au service des patients en souffrance. C’est un (trop) beau rêve que nous tenons là, non ?
http://www.formation-hypnose.com/Hypnoscope-Avril-2014-Actualites-Therapeutiques_a25.html
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A tous les praticiens de l’hypnose thérapeutique cet appel s’adresse.
Appel à communiquer au prochain congrès mondial d’hypnose à Paris, du 26 au 29 août 2015.
Jusqu’au 15 septembre prochain, vous êtes cordialement invités à proposer qui une conférence, qui un atelier, qui une participation à une table ronde.
Transe générative. Le grand voyage de conscience. Stephen GILLIGAN
Auteur majeur du courant éricksonien, Stephen Gilligan présente ici les fondements de son propre apport à la pratique et la théorisation de l’hypnose : la notion de transe générative. La transe générative est un espace expérientiel à partir duquel de nouvelles dimensions de la réalité peuvent être créées. Elle est ainsi un moyen efficace pour le voyage de conscience qui est au coeur d’une vie pleine de sens.
L'auto-hypnose pour l'autonomie. Elise LELARGE, Edith HAMEON-BEZARD
articulièrement remarqué et apprécié lors du récent congrès de La Rochelle, l’atelier d’autohypnose d’Elise Lelarge et Edith Haméon-Bézard a donné lieu à ce texte qui en exprime l’essence. Grâce aux nombreuses études scientifiques, le bénéfice de la pratique quotidienne de l’autohypnose en douleur chronique n’est plus à démontrer. Comment apprendre aux patients à s’approprier suffisamment l’« outil » hypnotique pour une pratique aussi sécure qu’autonome à la maison ?
Mieux vivre avec un cancer. Le rôle de l'hypnose. David OGEZ
Lentement, l’hypnose trouve sa place en cancérologie. David Ogez en présente une application originale : la prise en charge de l’après-annonce. Si le développement des approches chirurgicale, oncologique et radiothérapeutique permet aux traitements des maladies cancéreuses d’évoluer significativement, que la souffrance psychologique soit reconnue, et de ce fait, que la qualité de vie des patients soit prise en compte par l’essor de la psycho-oncologie, il n’en reste pas moins que le terme « cancer » génère autant d’incertitude que par le passé. En effet, il apparaît que, dans l’inconscient collectif, l’association automatique entre les notions de mortalité et de cancer représente une suggestion anxiogène complexe qui altère le bien-être du patient.
Concordanse. Thérapie conjugale ondulatoire. Frédéric BERBEN
Considérer l’individu qui constitue, avec son partenaire, le couple, est un fondement original pour envisager la thérapie conjugale comme une danse où l’hypnose suscite un accordage créatif. « Je me lève et je te bouscule, tu n’te réveilles pas, comme d’habitude, sur toi je remonte le drap, j’ai peur que tu aies froid, comme d’habitude, ma main caresse tes cheveux, presque malgré moi, comme d’habitude, mais toi tu me tournes le dos, comme d’habitude… ».
Face à un déficit en hormone de croissance. Marie Clotilde WURZ DE BAETS
La pratique de l’hypnose s’aventure dans de nouveaux chemins pour activer les ressources nécessaires pour faire face à la période de crise que représente, après une naissance, la découverte d’une maladie grave. Pour aider l’enfant comme les parents.Il était une fois dans mon histoire personnelle. Ou plutôt il était plusieurs fois dans mon histoire personnelle et professionnelle : des temps, des lieux, des moments où les contes se sont invités.
Hypno-philo: Ethiques de la coopération. Dr Thierry Servillat
Ce livre n’est pas à proprement parler de la philosophie. Richard Sennett est professeur de sociologie à New York et à la London School of Economics. Retraité, il prend le temps de compléter et terminer son oeuvre. Influencé par Michel Foucault, il a travaillé sur de nombreux sujets, dont, dernièrement, la question des compétences dont les gens ont besoin dans leur vie quotidienne. En commençant par celles requises dans l’artisanat, inspirant l’opus traité lors de notre dernier Hypnophilo.
“Vous pouvez compter sur moi ”. Dr Stefano COLOMBO Quiprocquo, Malentendu et Incommunicabilité 34
“ Vous pouvez compter sur moi ”.Voilà une phrase que le thérapeute est souvent tenté de prononcer. Elle est rassurante, presqu’une garantie. Elle a le parfum de la signature d’un contrat.Un contrat ? Un contrat prévoit la signature des deux parties. Alors ? Est-ce que le patient est aussitôt prêt à déclarer que le thérapeute peut compter sur lui ? Pas si sûr.
Suggestif, magnétique, sportif, et surtout réparateur...Antoine Bioy
Pour commencer cette rubrique, posons- nous la question de savoir si le fameux « Dormez, je le veux ! » n’était pas si absurde ? Cordi et coll. (2014) montrent en effet que des suggestions pré-repos reçues en état hypnotique améliorent de façon significative la durée du sommeil. Très exactement, il s’agit du sommeil lent profond, impliqué dans l’amélioration de la plasticité cérébrale, et des capacités de restauration du corps (stimulation des défenses immunitaires…)
Ici et ailleurs. Transes et mots d'est et d'ouest. Christine GUILLOUX
Troisième édition, du 6 au 8 février 2014, à Paris, pour ce colloque «Hypnose d’ici, Hypnose d’ailleurs» de l’Association Thérapies d’ici et d’ailleurs. Spécialistes internationaux en provenance des Amériques comme de la Russie, des Indes comme de la Suisse, et de diverses régions de France, médecins, psychologues, neuroscientifiques, sont intervenus autant comme conférenciers que comme animateurs d’ateliers tant dans le traitement de la douleur, du stress post-traumatique, de la gestion des émotions, de l’apport des neurosciences…
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