Espace Douleur - Douceur. Pr Gérard Ostermann pour la revue hypnose et thérapies brèves 73.
INTRODUCTION DE L'ESPACE DOULEUR DOUCEUR
MICHEL DUMAS : DOULEURS D’ÉPAULE.
Gratitude à notre collègue Michel Dumas pour nous offrir ce verbatim d’une conversation hypnotique destinée à soulager la douleur. L’une des contributions majeures de Michel Dumas réside dans son approche humaniste de l’hypnose. Il considère que l’hypnose est avant tout un outil thérapeutique qui vise à faciliter le changement et le bien-être des individus. Il met l’accent sur l’importance de la relation thérapeutique et de la confiance entre le praticien et le patient. Dans le droit fil de François Roustang, Michel Dumas met en application : « ce n’est pas le problème qui nous fait souffrir, mais la façon dont on y réagit ». Le lecteur appréciera comme moi le tact avec lequel l’auteur fait des propositions à visée thérapeutique :
« L’hypnose va vous apprendre à vous réconcilier avec votre bras et votre épaule. Seriez-vous d’accord pour passer du “mode protection” au “mode réconciliation” ? » Habilement, en expert du processus hypnotique, l’auteur propose à la patiente : « Ne cherchez surtout pas à vous détendre ni à glisser dans un état d’hypnose. La seule chose qui compte, là, maintenant, est de ressentir votre douleur et d’apprendre à l’accueillir. » L’invitation à l’auto-parentage s’avère particulièrement efficace dans cette situation clinique et le recours à l’imaginaire permet d’ouvrir les possibles. Michel Dumas a intégré des techniques de suggestion, de visualisation, de métaphore et d’exploration des ressources intérieures pour aider la patiente à atteindre son objectif thérapeutique. L’hypnose n’est pas la compétence du thérapeute, mais celle du patient. Je ne peux que recommander la lecture des ouvrages du Docteur Dumas, L’hypnose et moi (éditions Hippocrate). Cette série de trois ouvrages offre une introduction accessible et progressive à la pratique de l’hypnose. https://www.hypnose-medicale.fr/Douleurs-d-epaule-Revue-hypnose-et-therapies-breves-73_a108.html
CHRISTOPHE HARDY : LOMBALGIES.
Christophe Hardy nous montre l’intérêt de l’hypnose pour activer la « plasticité posturale ». Les prises en charge ignorent trop souvent l’importance du corps en relation, ce qui fabrique un véritable problème de santé publique, avec des coûts sociaux importants, et qui laisse le patient avec peu d’espoir d’évolution. L’accompagnement hypno-postural pratiqué par des professionnels de la rééducation formés à l’utilisation du swiss-hypnoball sera en mesure d’apporter de nouvelles perspectives d’amélioration. Cette approche a le mérite de respecter le parcours du patient et de le rendre actif dans le processus de changement. https://www.hypnose-medicale.fr/Lombalgies-accompagnement-hypno-postural-Revue-hypnose-et-therapies-breves-73_a107.html
Si nous avons besoin de sage-femme pour nous mettre au monde, nous avons besoin de femmes et d’hommes encore plus sages pour nous en sortir. Laurence Dalem incarne magnifiquement cette dimension. Thérèse Vanier, quand elle définissait en 1976 les soins palliatifs comme « tout ce qui reste à faire quand on croit qu’il n’y a plus rien à faire », ne visait évidemment pas l’attitude en forme d’abstention qui consiste à avoir l’air, à faire semblant. Elle visait une forme d’agir modeste et non un retrait de soi. Elle visait les quelques gestes simples qui soulagent mais peut-être et surtout la possibilité de se rendre présent à l’autre et de lui faire sentir. L’accompagnement ne relève plus de la seule bonne volonté et fait assurément référence à des savoir-faire et à des compétences précises bien que très diverses.
Du côté des soins palliatifs le droit à l’accompagnement est prévu par la loi, mais curieusement celle-ci se gardant d’en définir le contenu. On croit également trop souvent qu’écouter consiste à prêter l’oreille quand c’est d’abord dans le regard que tant de choses se disent et se partagent... le regard est un des modes très fins de l’accès à l’intime. Comment faire en sorte qu’il soit suffisamment profond toutefois pour traduire l’intérêt réel pour l’autre, l’attention réelle à l’autre dans tous les voiles de sa complexité ? Cela suppose de poser sur la personne un second regard qui ne s’arrête pas à ses apparences, qui ne survole pas ni ne la dévisage. Ecouter, regarder, toucher... c’est bien par l’ouverture d’essence que l’on accède au monde de l’autre, c’est bien par la sensorialité (plus que par la philosophie et la religion) que l’on accède au sens de l’existence, surtout quand ces sens ont été si négligés, parfois même si malmenés dans le parcours chaotique et médicalisé de cette approche de fin de vie. Dans les soins palliatifs, l’hypnose, telle une muse bienveillante, peut guider le patient vers des horizons inattendus, loin de la sinistre attente de la Mort. Dans cet écrin d’espoir, il retrouve un sentiment de contrôle, une estime de soi magnifiée, et voit s’apaiser l’anxiété et la douleur qui l’assaillent.
Ainsi il peut parcourir les ultimes pas de sa vie avec une sérénité renouvelée, dans l’ombre bienveillante des cieux. Dans cet état de quiétude, le patient découvre un espace de liberté où la pensée et l’action s’entrelacent harmonieusement. Et cette métamorphose, ô combien précieuse, ne se limite pas à lui seul. Elle se répercute sur l’entourage, qui armé d’une résilience nouvelle pourra affronter la séparation et le deuil avec une force insoupçonnée. L’hypnose, telle une muse bienfaitrice, est aussi une précieuse alliée pour le thérapeute. Dans ces instants partagés, où les regards et les mots se mêlent, où même le silence trouve sa voix, le thérapeute reçoit en héritage des bribes de vie, des fragments d’âme, qu’il se fait gardien de transmettre à d’autres âmes en quête de réconfort. Car chaque être est maître de décider comment il souhaite affronter la Grande Faucheuse. Le thérapeute, humble gardien de l’espoir, se doit d’accompagner son patient, respectant ses choix, tissant ainsi une relation d’humain à humain, où la compassion est reine.
Ainsi, dans cette bulle enchantée qu’ils créent, certains patients, portés par une énergie nouvelle, abordent les derniers événements de leur existence sous un angle différent. Ils trouvent la force de clore les chapitres en suspens, osant exprimer leurs désirs les plus profonds, offrant ainsi à leurs proches une image empreinte de positivité. A l’heure ultime, ils savourent encore l’essence de la vie, dans une danse enivrante, incarnée, où la saveur unique de l’existence se dévoile une dernière fois. Tel est le pouvoir de l’hypnose, tel est le don qu’elle offre. Dans les méandres de la vie et de la mort, elle éclaire le chemin des âmes égarées, leur insufflant une douce mélodie d’espoir et de sérénité. Et dans cette symphonie céleste, le thérapeute et le patient, unis par les fils invisibles du destin, écrivent ensemble les ultimes notes de leur histoire. L’auteure nous rappelle que la relation n’appartient jamais à une personne, elle est toujours partagée. Pour cela on ne peut l’interrompre unilatéralement sans violer ou voler l’autre de la partie qui lui appartient. L’homme n’échappe pas à la relation. L’être du malade en fin de vie n’est plus considéré comme un cas se réduisant à une pathologie, mais comme une personne chargée d’affects, « espace temple » de l’esprit et de la vie qui l’habitent. Laurence Dalem s’appuie dans toute sa démarche sur la belle formulation de Donald Winnicott : « Fais que je sois vivant à l’instant de ma mort. » https://www.formation-hypnose.com/Hypnose-en-soins-palliatifs_a272.html
Pr Gérard OSTERMANN
Professeur de thérapeutique, médecine interne, psychothérapeute. Administrateur de la Société française d’alcoologie, responsable du diplôme d’université de Pathologie de l’oralité, Bordeaux 2.
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