Masturbation : Plaisir sexuel solitaire
La masturbation participe à la découverte des ressources cachées de notre corps et de celui de notre partenaire.
La masturbation est une pratique qui consiste à induire le plaisir sexuel par l’excitation manuelle des parties génitales, de soi-même ou d’un(e) partenaire. Cette pratique des deux sexes et à tous les âges de la vie aboutit en général à un plaisir intense, l’orgasme. La masturbation chez l’enfant est davantage liée à l’exploration et à la découverte de son corps qu’à la recherche du plaisir. Et pourtant ce n’est pas si simple. Nos sociétés baignent dans une morale sexuelle née d’un mélange de médical et de religieux qui a durablement imprégné les esprits. En 1995, Le Lancet, célèbre revue médicale anglaise, écrivait encore : ” Il est grand temps que la masturbation soit évoquée de manière ouverte comme une part du comportement sexuel humain. “
La masturbation a longtemps été condamnée. Nos ancêtres croyaient que la masturbation masculine pouvait limiter la capacité de procréer, ou encore que l’homme naissait avec une quantité limitée de sperme. Il ne fallait pas gaspiller la précieuse substance. Comme l’écrit dans Le Sexe pour les nuls le Dr Ruth Westheimer, sexothérapeute américaine, réputée pour ses émissions à la radio et à la télévision : ” S’ils avaient su qu’un homme fabrique 50 000 spermatozoïdes par minute… ” L’Église catholique la considère encore à l’heure actuelle ” comme un acte intrinsèquement et gravement désordonné “. Au XVIIIe siècle, les médecins se rallient au religieux dans l’interdit et s’éloignent des écrits de Diderot, le philosophe : ” Les raisons du recours à la masturbation sont l’apprentissage du corps, le célibat et la peur de la syphilis. ” Au XIXe siècle, les médecins contribuent à diffuser des idées fausses justifiées par un discours médical : la masturbation peut mettre la vie en danger, en particulier celle des jeunes filles. Cette alliance du religieux avec le médical pour contrôler la sexualité et le plaisir des femmes produit des comportements aberrants : ablation ou insensibilisation du clitoris ont été pratiquées par des médecins. Que dire des pays ou les coutumes imposent encore l’excision…
Une meilleure maÎtrise de son corps
En ce début de XXIe siècle, on dispose désormais de grandes enquêtes – sida oblige -, sur la sexualité des Français. Elles permettent de mieux connaître les comportements sexuels des individus. La dernière nous renseigne sur la masturbation. Une grande majorité d’hommes la pratiquent contre une moindre de femmes. Seules 42 % d’entre elles disent s’être masturbé. Selon les chercheurs, les femmes oseraient moins parler de cette pratique. ” Elles ont une vision romantique de l’amour et différencient peu le sexe de l’amour. ” De plus, la dévalorisation du plaisir clitoridien – suite aux écrits de Freud et sa primauté de l’orgasme vaginal – a durablement marqué les esprits. Pourtant, la parole récente des femmes sur la sexualité a permis de réhabiliter le plaisir clitoridien, essentiel pour la plupart d’entre elles.
Ces enquêtes montrent aussi que les hommes la pratiquent plus souvent. Aujourd’hui, la masturbation réciproque a une place reconnue dans les jeux amoureux et nombre de couples apprennent à se connaître et découvrent l’orgasme grâce à elle. Les préjugés diminuent, aussi. Pourtant, se masturber seul(e) alors que l’on vit en couple apparaît encore parfois comme anormal. Où est-il écrit que le plaisir doit être partagé pour être légitime ? s’écriait, dans les années 60, le Pr Hénard, président de la Société française de psychanalyse. Le rôle de la masturbation n’est pas de remplacer une relation d’intimité avec une autre personne, expliquent les sexothérapeutes. Elle permet aux individus de gagner une meilleure maîtrise de leur corps et de savoir indiquer aux partenaires ce dont ils ont envie. La masturbation solitaire montre aussi la différence entre le sexe et l’amour. De plus, elle détend et aide à relâcher des tensions. Lors des périodes de célibat, elle permet de se sentir bien dans son corps. Bref, c’est une pratique à part entière.
Contrairement aux hommes qui la pratiquent essentiellement avec les mains et leurs fantasmes, les femmes hésitent parfois à se toucher de manière aussi intime. Certaines se servent d’un vibromasseur. Ce sont les médecins du XIXe siècle qui, pour soigner les femmes de leur hystérie, ont conseillé de les stimuler jusqu’au paroxysme, une sorte de thérapie par l’orgasme. En 1880, le Britannique Joseph Mortimer Granville invente un vibromasseur électromécanique pour faciliter l’orgasme médicalisé. Ensuite, ces appareils vont quitter le cabinet médical pour se retrouver dans les sex-shops. Les vibromasseurs sont différents des godemichés utilisés comme substituts du pénis. Leur utilisation est externe et essentiellement destinée à assurer une stimulation clitoridienne. Pourtant, ces jouets sexuels sont encore très dévalorisés et leur acceptation sociale laisse beaucoup à désirer…
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