Musicothérapie pour la dépression, ce n’est pas une fantaisie !
Selon un sondage réalisé par la BBC en 2004, explique un éditorial du British Journal of Psychiatry consacré à la musicothérapie, la meilleure « aide musicale » pour « améliorer les symptômes dépressifs » consisterait dans l’audition du disque des Smiths (le groupe formé par le Bitannique Steven Patrick Morrissey, entre 1982 et 1987), « I know it’s over » (Je sais que c’est fini, 1986). Malheureusement, poursuivent les auteurs qui examinent les mécanismes d’action possibles de la musicothérapie et constatent « l’émergence de preuves de son intérêt contre la dépression », « la grande disponibilité de ce ‘‘rock du bourdon’’ (down-hearted rock) ne paraît guère avoir diminué la prévalence de la dépression ! »
Pourtant, la musicothérapie anti-dépressive « semble agir », mais comment ? L’efficacité de cette « intervention complexe » tiendrait moins à « la personnalité du thérapeute » ou à la nature de sa relation avec le patient qu’à des « opportunités » offertes au sujet déprimé d’élaborer de nouvelles expériences dans « au moins trois dimensions interdépendantes », respectivement de nature « esthétique », « physique » et « relationnelle. »
La dimension esthétique est évidente, liée à la relation entre la dépression et « le manque d’expériences du plaisir dans l’existence » : la connotation hédoniste liée à la musique pourrait donc contribuer à restaurer un aspect du goût à la vie.
La dimension physique vient d’une « pratique active » (active doing) de la musique, liée au fait de jouer un instrument avec le musicothérapeute, dans la mesure où cette occupation constituerait un cas particulier d’exercice physique, et que « le rôle de l’activité physique dans la prévention de la dépression et dans l’atténuation de ses effets est bien reconnu. »
Et le troisième facteur est de nature relationnelle : selon certains psychologues du développement, il existerait des analogies entre le « vocabulaire musical » et les interactions précoces mère-enfant : ces interactions préverbales sont les premières à « nous instruire sur nous-mêmes, guider notre pensée et nous offrir des opportunités de plaisir dans le monde qui nous entoure. » Or leur ‘‘musicalité’’ est « manifestement affectée, avec d’importantes implications pour le développement de l’enfant, lorsque les mères sont dépressives. » Proposer une réminiscence de ces premières expériences de sonorités ‘‘para-musicales’’ est une justification supplémentaire pour certaines musicothérapies. Dans cette perspective, la fonction du thérapeute peut être considérée comme « néo-parentale : nourrir musicalement le patient, afin de faciliter un processus similaire de découverte de soi et des relations aux autres », en stimulant notamment la « capacité à donner du sens (experiencing meaning) et à éprouver du plaisir (experiencing pleasure).
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