Handicap Psy et Santé Mentale par Stéphanie Lacruz Psychothérapeute à Paris
Si Christophe Dejours nous rappelait que « La normalité est une conquête de chaque jours » normalité à prendre au sens « santé psychique », cela laisse entendre que nous sommes tous concernés par la souffrance psychique. Si on reprend la définition énoncée dans le rapport du ministère des affaires sociales et de la santé de 2002 « Un problème de santé mental est un sentiment de souffrance psychique ».
Il faut attendre les années 90 pour que la psychiatrie accède au champ plus élargie du concept de « santé mentale » par la loi d’orientation du 14 mars 1990 qui favorisera la politique de secteur des années 1993. La psychiatrie dans la ville disait JP Martin.
La maladie psychiatrique a dans l’après guerre, beaucoup souffert des préjugés issues des représentations sociales. Il y a comme dans toute les catégories médicales, des pathologies curables/aigues et des pathologies incurables/Chroniques.
Ce sont ces dernières qui ont le plus agité les consciences collectives et contribué à faire fantasmer (l’image de l’asile, du fou dangereux, vol au dessus d’un nid de coucou..) et correspondent en fait à des périodes obscures de la psychiatrie où on disposait de peu de moyen sur le plan thérapeutiques (traitement par contention, internement).
De nos jours, on reconnaît que la maladie psychique, tout comme le handicap physique doit permettre aux citoyens concernés de bénéficier d’un droit à la compensation.
La politique de secteur des années 90, l’approche psychanalytique de la maladie psychique ont contribué au changement des mentalités et des représentations.
La compensation, c’est l’ensemble des budgets alloués aux bénéficiaires et cela comprend les dispositifs d’accompagnement, le matériel mis à disposition des bénéficiaires en entreprise, à domicile etc…
Nouvelle définition du handicap à partir de 2005 : « Toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement, par une personne en raison d’une altération substantielle, durable ou définitive d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d’un polyhandicap ou d’un trouble de santé invalidant. »
Cet élargissement de la notion répond au modèle social fondé sur les droits de l’homme. Par une « politique sociale intégrée » prévue par la loi. Le modèle social tient compte des droits humains en considérant que le handicap résulte de l’organisation des interactions entre individus et société. Ces droits prennent en compte simultanément :
Le combat vers une vraie reconnaissance du handicap psychique semble être gagné, du moins cette notion est maintenant largement reconnue et acceptée.
Si on reprend la définition dans le rapport de 2002 « Un problème de santé mental est un sentiment de souffrance psychique » Pourquoi alors, tant de souffrance ressentie et en tout cas attendu dès qu’un problème surgit dans notre société ? Pour reprendre les propos du sociologue Alain Ehrenberg, c’est le pendant de notre accession à l’autonomie, à la liberté, à l’individualité, nous sommes devenus maître de notre destin et donc les seuls responsables de nos échecs et de nos difficultés d’adaptation. Autre fois notre destin et donc notre souffrance était collective et donc partagée et acceptée. Libre, mais seul et responsable.
Les personnes peuvent faire valoir leur droit à la reconnaissance de leur handicap. Ils se rendent auprès de la MDPH de leur département pour rencontrer le médecin conseil qui statuera du pourcentage au droit à la compensation.
Le périmètre d’action de la psychiatrie s’est considérablement élargie (au risque de générer chez les psychiatres une confusion dans leur identité de soignants) ce qui a contribué à la rendre présentable ; ainsi on évoque actuellement des diagnostiques qui précisent un peu plus les symptômes : dépression plus ou moins légères et plus ou moins réactionnelles, les stress post traumatiques, les attaques de paniques, les addictions diverses et variées (drogues, alcool, jeu, sexe, médicaments, internet…) l’anxiété généralisée, les impulsions suicidaires et violentes, (adolescents et jeunes adultes), le syndrome de fatigue chronique, le syndrome d’hyperactivité, les pathologies de l’exclusion, de l’acculturation (pour les migrants) les souffrances psychosociales, les conduites à risques.
Tout cela donne un magma divers et varié qui a envahi notre société et qui forme le concept de SANTE MENTALE.
Autrefois on considérait que la souffrance psychique et le handicap étaient des éléments de la psychose. Aujourd’hui, on dit que la psychose est un élément (parmi d’autres) de la souffrance psychique et du handicap.
Sur le fantasme
Selon un communiqué du 12 décembre 2008 des associations de psychiatres, soignants de malades, de famille et de gestionnaires d’établissement,
« L’immense majorité des 1 million 500 mille personnes qui chaque année ont recours aux services de la psychiatrie ne présentent aucun danger, vivent dans la cité et sont avant tout des concitoyens qui souffrent de leur pathologie, leurs fragilités les exposant en outre à être 11 fois plus victimes de crimes violents que la population générale »
1 crime sur 50 est commis par un schizophrène (selon le Dr Zaguy Psychiatre seine saint denis) qu’en est-il des 49 autres ? en parle t-on dans les médias ?
« Les citoyens sont égaux mais certains le sont plus que d’autres » Coluche
Selon un rapport de l’organisation mondiale pour la santé (OMS) 2/3 des personnes souffrant d’une pathologie mentale ne vont pas se faire soigner auprès d’un professionnel de santé, notamment en raison du rejet social et de la discrimination à l’égare de la maladie mentale.
« L’inclusion est une manière de penser et de vivre qui réclame la participation active de tous les citoyens, ce qui suppose l’égalité des chances, la justice sociale dans le respect des droits humains » Martine Dutois, directrice d’Advocacy France
Le concept d’inclusion est issu de la sociologie. Il a été utilisé par le sociologue allemand Niklas Luhmann pour caractériser les rapports entre individus et systèmes sociaux. L’individu est inclus dans le système social. Par antinomie : exclusion.
L’accompagnement des personnes ayant des troubles psychiques invalidant nécessite donc systématiquement des mises en situations au sein de groupes.
Héritiers des associations de parents de personnes souffrants de troubles psychiques, les GEM (Groupes d’Entraide Mutuelle) continuent à proposer des loisirs, des activités théâtrales, sportives, manuelles, dans chaque arrondissement de Paris et certaines villes de Région Parisienne.
Sur le ressenti des Schizophrènes face à leur famille et à la société, une étude anglaise montre que :
47% des malades interrogés estiment que la plus grande difficulté est de se faire ou de garder des amis.
Pour 43% c’est l’attitude de leur famille à leur égard
29% la discrimination à l’embauche
27% les relations amoureuses et sexuelle
L'École de Palo Alto est un courant de pensée et de recherche ayant pris le nom de la ville dePaolo Alto en Californie à partir du début des années 1950. On le cite en Psychologie et en Psycho-sociologie ainsi qu'en sciences de l’information et de la communication. Ce courant est notamment à l'origine de la thérapie familiale.
Ces derniers ont développé une conception nouvelle de la psychiatrie, qu'ils définissent comme « l'étude du comportement interpersonnel ». Pour eux, une « personnalité » ne peut être définie en faisant abstractiondu réseau complexe de relations interpersonnelles qu'entretient la personne dans son quotidien.
Stéphanie Lacruz
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