Le défi positif : Interview de Thierry Janssen au sujet de son nouveau livre
Après nous avoir raconté sa récente retraite en Egypte, l’auteur nous explique pourquoi il a appelé son livre Le défi positif, puis, il nous éclaire sur les trois conceptions du bonheur.
Alain Gourhant : Vous sortez d'une période de silence de plus de deux ans, que vous appelez une retraite. Que signifie ce mot "retraite" et que s'est-il passé pour vous pendant ces deux ans ?
Thierry Janssen : En 2009, je me suis retrouvé dans une situation périlleuse, au sens où je suis tombé malade. Je me suis senti responsable de cette situation, car suite à la parution du livre La maladie a-t-elle un sens ?, j’ai répondu à de très nombreuses sollicitations. J’ai donné plus de 200 conférences dans 7 pays différents.
J'étais épuisé. Or, plus j’avance, plus j'ai besoin de préserver un espace à l'intérieur de moi, un lieu de paix et de silence. Lorsque je n’y arrive pas, j’éprouve de l’agacement, je deviens irritable.
En 2009, je ne vivais plus qu’à l’extérieur de moi, je suis tombé malade. Cela a commencé par une grippe que j'ai mal soignée puis, au mois de mars, l’infection virale s’est compliquée d’une paralysie faciale droite. J’ai tout d’abord cru à un accident vasculaire cérébral, j’ai eu très peur.
Alors que j’étais hospitalisé à la Salpêtrière à Paris, sous hautes doses de cortisone, j’étais très fâché contre moi-même car j’avais fait exactement le contraire de ce que je recommande aux autres de faire. Je m’étais considéré au-dessus des lois du bon sens qui demandent de respecter les besoins essentiels. Il était temps que je consacre à nouveau du temps à mon travail intérieur.
Il fallait que j’arrête de répondre à toutes les demandes de consultations, de conférences ou d’apparitions dans les médias. C'était mon "petit ego" qui m'avait entraîné dans cette spirale infernale. Or ce "petit ego" n’est qu’une réponse à la peur, la peur qu’on ne lise pas mes livres, la peur de ne pas obtenir suffisamment de reconnaissance, la peur de ne pas être aimé. Je pourrais bien entendu aussi dire que j’avais le souci de propager un message humaniste car rien n’est tout blanc ou tout noir.
Néanmoins, au-delà de cette bonne intention, il y avait les peurs absurdes de cet ego tyrannique, capable de me mettre en danger. Lorsque je m’éloigne de mes besoins essentiels, j’ai l’habitude de me demander ce que j’aimerais faire, s’il me restait peu de temps à vivre.
Cette fois, je désirais réaliser un rêve d’enfance : vivre en Egypte. Depuis l'âge de sept ans, je suis fasciné par la civilisation pharaonique. J’ai souvent voyagé sur les bords du Nil, mais je n’y avais jamais vécu longtemps. J’ai grandi dans une famille catholique, cependant ma spiritualité a d’abord été nourrie par l’Antiquité égyptienne. Voyager en Egypte est pour moi comme retourner à la source, ma source.
Je suis donc parti en janvier 2010 avec le projet de consacrer une partie de mon temps à l’écriture. Car je sais d’expérience qu’il est important d’avoir une discipline dans ces temps de repli, afin de ne pas se perdre. J’avais déjà effectué une longue retraite, un an après avoir arrêter mon activité de chirurgien. En Egypte, j’habitais à Louxor, sur la rive ouest du Nil, au pied de la montagne thébaine, dans une maison en briques de boue séchée, au milieu des champs, en bordure du désert, non loin de la Vallée des Rois.
Je me levais tous les matins avant le soleil pour en contempler le lever depuis le toit terrasse de ma maison. Je me couchais très tôt, peu après le coucher du soleil que j’allais admirer dans le désert, avant de rentrer sous un ciel étoilé d’une pureté magnifique. En dehors des temps de marche et de méditation, je me consacrais à l’écriture d’un ouvrage sur la cohérence. Au bout de trois mois le livre était terminé. Je l'ai envoyé à mon éditeur qui comptait le publier en octobre 2010.
Mais la veille de mon anniversaire, en relisant le texte à paraître, j’ai pris conscience du fait que ma pensée n’avait pas été suffisamment nuancée, le sujet traité méritait mieux, autrement. Cela m’a plongé dans un profond questionnement. J’ai demandé à mon éditeur de ne pas le publier. Je croyais que je n’écrirai plus jamais. J'ai transféré le manuscrit sur une clé USB que j’ai enfouie dans une anfractuosité rocheuse de la montagne thébaine. Personne, même pas moi, ne pourra jamais la récupérer. Trois mois plus tard, de retour en Europe, le désir d’écrire est revenu…
… le désir d’écrire : Le défi positif ?
Absolument. J’ai eu envie de terminer un projet que j’avais commencé il y a cinq ans en écrivant La Solution intérieure, puis La maladie a-t-elle un sens ?. Une trilogie consacrée à une conception élargie de la médecine, de la maladie et, cette fois, du bonheur et de la bonne santé.
Vous avez dédié ce dernier livre à la mémoire de trois personnes, pour quelle raison ?
Les anciens Egyptiens disaient que tant qu’on prononce le nom d’une personne, celle-ci continue à vivre. Le défi positif est dédié à tous ceux qui cherchent à exprimer le meilleur d’eux-mêmes. Le premier à qui j’ai annoncé que j’allais en entreprendre l’écriture était mon ami Bernard Giraudeau, quelques semaines avant qu’il décède. Le livre lui est donc dédicacé.
Puis, tout au long de l’écriture, j’ai accompagné Caroline, mon amie la plus proche, qui est décédée d’un cancer le lendemain du jour où j’ai terminé l’écriture du livre. Caroline est donc associée à cette dédicace.
Enfin, le jour où le livre est parti chez l’imprimeur, David Servan-Schreiber, qui connaissait bien Caroline et Bernard, est lui aussi parti. J’ai donc demandé que l’on ajoute son nom.Caroline, Bernard et David ont essayé avec courage et honnêteté d’exprimer le meilleur d’eux-mêmes. C’est cela qui nous a tous touchés dans leur parcours. C’est cela que je voulais honorer pour la postérité.
Est-ce que l'Egypte est un lieu qui a influencé le contenu de ce livre ?
Je n’ai pas écrit Le défi positif en Egypte mais à Bruxelles, en Belgique. Néanmoins, je l’ai dit, ma réflexion spirituelle est profondément influencée par la civilisation pharaonique. Et puis, le thème de la cohérence que j’ai travaillé durant ma retraite égyptienne a nourri l’énergie avec laquelle j’ai abordé celui du bonheur et de la bonne santé. Je reviendrai probablement sur cette cohérence, plus tard, autrement, d’une manière moins théorique, d’une façon plus personnelle.
Passons maintenant à votre livre, pourquoi avoir utilisé le mot "défi" dans son titre, n'a-t-il pas une résonance un peu guerrière ?
Je ne crois pas. Un défi est une tâche qui demande une compétence un peu au-dessus de nos aptitudes habituelles. Il s’agit d’une invitation à se dépasser en faisant un effort de volonté, en précisant notre intention et en développant suffisamment de cohérence pour que cette intention devienne une réalité tangible et concrète.
Cela n’a rien de guerrier.
C’est plutôt un engagement d’ordre spirituel, dans le sens où il nous faut comprendre l’esprit des choses et de nous-même, les enjeux et les conséquences de notre action, et manifester suffisamment de discernement et de courage pour relever le "challenge". Je ne peux pas commencer à écrire mes livres si je n’ai pas leur titre. C’est lui qui leur donne leur ton. Notre tendance à nous laisser emporter dans la négativité rend difficile l’actualisation de notre potentiel positif. Il y a bien un vrai défi à relever. Un défi positif !
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